

Oui, la mobilité est un enjeu majeur du développement durable. La croissance démographique induit notamment l’augmentation des flux de transports de personnes mais également de marchandises. Le numérique se présente d’une part comme un moyen de répondre aux problématiques causées par la mobilité et d’autre part comme une façon d’améliorer la mobilité.
Côté utilisateur, l’expérience de mobilité a changé. Prenons l’exemple d’une personne souhaitant se déplacer d’un point A à un point B. Avant 2008, les options les plus accessibles étaient : les transports en commun, le taxi, le véhicule personnel ou le trajet à pied. A partir de 2009, le secteur de la mobilité connaît un bouleversement majeur avec l’arrivée d’Uber. On parle alors « d’ubérisation » du marché.
Le modèle est innovant : par le biais du smartphone, le client peut simplement commander un VTC (Véhicule de Tourisme
avec Chauffeur) ou un service de co-voiturage sans passer par une plate-forme de réservation téléphonique, comme la loi l’oblige pour la commande d’un taxi. Le smartphone et le numérique font partie intégrante de « l’expérience de mobilité ».
Le numérique et l’ubérisation redistribuent alors les cartes de la mobilité et permettent l’ouverture à d’autres acteurs. Ainsi, des particuliers peuvent proposer des trajets à d’autres particuliers pour du co-voiturage. Les intérêts sont multiples : partager les coûts, se déplacer à moindre coût et réduire la congestion. Des partenariats inédits se forment. Des constructeurs automobiles s’associent avec des start-ups. Ils profitent de l’expertise de ces dernières dans la conception de programmes ou d’intelligence artificielle.
Mobilité : des défis à relever
Bus, trains, tramways, avion, bateau, métro… la mobilité est donc présente sous 3 formes : terrestre, maritime ou aérienne. Là où hier la principale problématique de la mobilité concernait son accessibilité en termes de prix et de desserte, aujourd’hui la mobilité est confrontée aux externalités négatives qu’elle engendre. Les 3 principales sont :
Dans une volonté de pallier ces externalités, le numérique fait apparaître également des risques et des points de vigilance. Le Ministère des Transports et le Ministère de la Transition Ecologique ont d'ailleurs formé des groupes de travail appelés les « Assises de la Mobilité » dont les ateliers s’articulaient autour d’une mobilité plus propre, solidaire, sûre, intermodale, soutenable et connectée (synthèses disponibles ici). Ces groupes de travail ont permis de construire la loi orientation des mobilités, qui a été adoptée par l’Assemblée Nationale le 18 juin dernier.
Au-delà des externalités évoquées, le numérique engendre de nouveaux types de problématiques :
Tout en prenant en compte ces différentes interrogations, les acteurs de la mobilité (start-ups qui détiennent les IA, constructeurs automobiles, société privée de services de mobilité) développent de nouveaux produits et services innovants.
Du côté des services, les innovations en mobilité sont multiples et reposent surtout sur le partage de véhicules existants :
1. Le co-voiturage urbain ou longue distance :
- En France, Citygoo est une application mobile de co-voiturage urbain (déplacements essentiellement intra-régionaux) qui permet à des particuliers de proposer des trajets à d’autres.
- En Europe, BlaBlaCar, leader mondial du co-voiturage avec 70 millions d’utilisateurs est présent dans 19 pays européens dont la France, ainsi qu’au Brésil, en Inde et au Mexique.
2. Les véhicules en libre-service :
Dans cette catégorie, on peut citer les trottinettes électriques et connectées qui fleurissent ces derniers mois telles que Bolt, et autres engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) et pour lesquels une nouvelle législation sera mise en place dès septembre. Egalement, les voitures en libre-service dans les zones urbaines en auto-partage, par exemple Ubeeqo à Paris et Citiz dans plusieurs villes de France . Dans cette catégorie, c’est par le biais du smartphone que l’expérience est facilitée par son utilisateur.
Du côté des innovations de produits, la voiture autonome est un incontournable de l’intégration du numérique dans la mobilité. Dotée d’une intelligence
artificielle, la voiture autonome est remplie de lignes de code informatique, et a plusieurs niveaux d’autonomie . En fonction du niveau d’autonomie, l’attention et l’action du conducteur est plus ou moins sollicitée. Capable de se déplacer seule, la voiture autonome est un concentré de technologies : capteurs pour analyser l’environnement dans laquelle elle se trouve, connectivité afin de communiquer avec d’autres objets (appelé aussi IoT, Internet of Things), elle est également souvent dotée d’un moteur électrique ce qui permet de réduire considérablement les nuisances sonores et les émissions de CO2.
3. Les drones
Ce sont des aéronefs (appareils volants) télécommandés, sans pilote à leur bord. Conceptualisés aux Etats-Unis à la fin de la Seconde Guerre Mondiale à des fins militaires, les drones peuvent aussi être utilisés en loisirs et dans un cadre professionnel. Le drone peut être programmé pour voler en totale autonomie ou en Wi-Fi via un smartphone ou une tablette.
En conclusion, les avancées techniques et technologiques permettent aux moyens de transports d’être plus performants, par l’analyse des données collectées et d’obtenir d’informations sur nos modes de consommation. Les smartphones des utilisateurs ainsi que les véhicules connectés génèrent une quantité importante de données, le fameux Big Data, suscitant la convoitise de plusieurs acteurs de la mobilité. On parle même d’une guerre de la data ! Les constructeurs automobiles, les start-ups spécialisées dans les intelligences artificielles, mais aussi les compagnies d’assurance, collectivités se disputent ces données, chacun pour des finalités différentes. On peut citer les données liées à la navigation, le temps d’utilisation, la consommation, le style de conduite, la vitesse, les accidents causés/subis, les informations d’identité sur le conducteur, etc…
Si les externalités négatives de la mobilité que sont la pollution et le bruit semblent avoir trouvé des solutions grâce à la voiture électrique et/ou autonome, la congestion des voies routières est encore problématique. Dans un futur proche, Airbus a imaginé le taxi de demain afin de répondre à cette problématique. Volant et roulant, ce taxi du futur choisirait son mode de déplacement en fonction des flux en temps réel - Vidéo- On peut facilement imaginer que la congestion pourra se réguler grâce à des routes intelligentes qui interagiront avec des véhicules autonomes et connectés.
Des métiers vont alors apparaître :
Doté de fonctionnalité diverses et variées (GPS, caméra, micro, etc…) le drône peut d’assurer la sécurité d’un lieu, mais il peut également assurer la livraison d’une marchandise. Le métier de donatistes a été imaginé par Les Propulseurs. Le donatiste réalisera des reportages à partir d’images capturées depuis un drone.
En qualité de véritable expert de la mobilité, et des technologies destinées aux villes intelligentes, le consultant en smart city aura pour mission de conseiller les villes et collectivités quant aux infrastructures et véhicules connectés les plus adaptés à leur besoin.
Et encore : Planificateur et urbaniste de mobilité autonome
Pour aller plus loin sur la mobilité et le numérique :
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