

C’est sur le thème « Regards croisés : les actions des entreprises et de l’Etat pour faire face au défi de l’emploi des jeunes » que s’est déroulée la table ronde, en deuxième partie de la restitution des résultats du Bilan diversité 2021 le 15 février dernier. Un thème en corrélation avec l’une des évolutions les plus fortes du Bilan diversité 2021 : pour 71% des organisations signataires, l’âge (- de 26 ans) est le premier critère de diversité défini par la loi sur lequel elles s’engagent concrètement (+24 points par rapport à 2019).
Parmi les participants à cette table ronde, Alexandre Viros, Président de The Adecco Group France, a apporté son analyse à propos du paradoxe des jeunes sans emploi et des entreprises qui ont du mal à recruter.
Pour Alexandre Viros, la France est une société du diplôme, mal très profond de la société française, diplôme qui fonctionne comme une franchise sur laquelle on peut tirer des droits toute sa vie, et qui engendre les vainqueurs et les vaincus de la méritocratie. Cette logique est cependant démentie par les faits : aujourd’hui, 2/3 des travailleurs exercent une fonction sans lien avec le diplôme initial, ce qui veut dire qu’une correction existe : la formation. Penser la formation tout au long de la vie permettrait de sortir de cette « maladie » du diplôme d'origine.
Une évolution observée par l’acteur de l’intérim qu’est Adecco, est qu'aujourd'hui les offres d'emploi mettent davantage en avant les soft-skills, c'est à dire les savoir-être, les comportements, ce que l'on est, et pas uniquement ce que l’on a fait. Adecco souhaite aller encore plus loin avec le recrutement sans CV, et les soft-skills, notamment pour les jeunes qui n'ont pas de diplôme, pour leur donner confiance en qui ils sont.
Selon Adecco, la difficulté de recrutement rencontrée par certains secteurs peut être liée au manque de visibilité. Certaines filières sont mal connues comme la filière technologique et souffrent d’à priori – filière pour les garçons, bac + 5 nécessaire- alors que les besoins sont importants et que la formation est possible une fois en poste. Une autre filière peu visible, la filière du transport qui propose des évolutions extrêmement intéressantes et dans laquelle il est possible de continuer à évoluer toute sa vie.
Pour Adecco, l'emploi et l'employabilité sont inséparables dans un monde où les compétences pour un métier donné sont caduques au bout de 3 ou 4 ans. « On dit beaucoup que les jobs de demain n'existent pas encore, mais pour un métier donné aujourd’hui, il va falloir changer de compétences pour l'exercer encore dans 5 ans. »
Axée sur les savoir-être des jeunes plutôt que sur leurs diplômes, le dispositif du CDI apprenant mis en place par le groupe leur permet de se former dans le milieu professionnel et aide les jeunes travailleurs à se développer.
Enfin, il y a un véritable enjeu à mettre en place des dispositifs de reskilling (requalification) ou de up-skilling (formations de perfectionnement) au sein des entreprises, afin de pérenniser la montée en compétences des salariés tout au long de leurs carrière professionnelle et de maintenir leur employabilité, ce qui est de la responsabilité des entreprises.
Dans le cadre du programme Innov’Avenir, un travail de sensibilisation est justement mené depuis plusieurs années autour des soft-skills. L’équipe anime régulièrement des ateliers de sensibilisation auprès des jeunes issus des territoires fragiles pour leur donner confiance et leur permettre de découvrir leurs savoirs êtres.