Zoom sur les collégiens d’établissements REP avec le Baromètre de l’AFEV et Trajectoires-Reflex

Révélateur du climat tendu dans lequel évoluent les collégiens d’établissements REP, le Baromètre 2021 du rapport à l’école des enfants des quartiers populaires a été réalisée par l’Afev et Trajectoires-Reflex

 

L' enquête a été réalisée en mai/juin 2021 auprès de 882 collégiens d’établissements REP (Réseau d'Etablissement Prioritaire)  dans lesquels intervient l’AFEV.

Ce baromètre interroge les élèves sur leurs relations au collège, entre élèves, avec leurs professeurs, et dans leur environnement extra-scolaire. Il s’inscrit dans le cadre de recherche sur le bien-être scolaire.

Les enseignements du Baromètre 

Au collège

  • Une incompréhension des attendus scolaires qui peut engendrer du stress

Le niveau de compréhension des attendus scolaires est variable selon les enfants. Seuls 19% d’entre eux déclarent toujours comprendre les demandes des enseignants ; 66% ne comprennent pas certaines fois et 15% ne comprennent souvent pas.

 

  • Une faible participation en classe liée à la peur de l’échec

36% des enfants interrogés ne participent que rarement ou jamais en classe. La première raison évoquée est la peur de parler devant tout le monde (55%),



suivie par la peur de se tromper (42%) et la non-connaissance de la réponse (28%).

 

  • Un sentiment de mal-être est toujours présent pour 16 % des collégiens mais en recul : 26% des collégiens se sentaient mal à l’aise au collège en 2010.

Les principales raisons de ce mal-être sont : la fatigue, pour 57% des collégiens, le stress liés aux interrogations et aux contrôles (56%) et le jugement des autres (49%).

 

  • Des relations tendues entre collégiens

Ce mal-être est également engendré par les relations conflictuelles entre pairs :  28% des collégiens ont déjà subi des moqueries, des violences des vols ou des rackets et presque la moitié (45%) connaît quelqu’un qui en a été victime.

Des violences aussi sur la sphère virtuelle : 6% des enfants ont déjà été victimes de moqueries occasionnelles sur les réseaux sociaux.

 

  • Les filles, plus nombreuses à se sentir mal à l’aise au collège  (21% contre 9%) et à avoir mal au ventre (36% contre 19%).
    Les jeunes filles sont plus nombreuses à expliquer ce mal-être par le stress, la fatigue et le jugement des autres et le manque d’envie d’aller au collège. Elles se sentent également plus seules, moins comprises et sont plus souvent victimes de moqueries (24% contre 14% des garçons).

En classe, elles sont aussi moins à l’aise que les garçons : 19% déclarent qu’elles ne comprennent souvent pas (contre 10% des garçons) et 42 % ne participent que rarement voire jamais (contre 26% des garçons).

 

  • Les élèves ont une image plutôt positive de leurs enseignants : plus des 2/3 considèrent que leurs professeurs leur apprennent des choses et 36% que leurs professeurs les comprennent. (30% des enfants considéraient être compris par leurs professeurs).

Cependant 24% des collégiens se sentent parfois dévalorisés par un professeur, alors qu'ils n'étaient que 13%en 2010.

 

Zoom sur le collège pendant le confinement

64% des élèves ont vécu difficilement voire très difficilement l’école à la maison. C’est encore plus vrai pour les filles : elles sont 69% à avoir mal vécu cette situation contre 58% des garçons.
Les collégiens dont aucun des deux parents ne travaille ont également eu plus de difficultés à vivre l’école à la maison : 79% déclarent que c’était une situation difficile ou très dure à vivre.

 

 Les élèves de 4e et 3e sont 18% à aimer aller au collège

contre 32 % des 6e et 5e 

 

Le passage par l’adolescence : vers l’autonomie et la distanciation avec les institutions scolaires et familiales

A mesure de leur avancée dans leur scolarité, les élèves des établissements d’éducation prioritaire intériorisent les jugements scolaires des enseignants et attribuent le plus souvent leur échec à leur manque de volonté ou de travail : 83% des 6e pensent que leur professeur est content de leur travail contre 77% des 3e.

  • Un investissement en classe décroissant au fil des années de collège.

Leur investissement en classe diminue, lié à l’accumulation de lacunes et à cette distance qui s’installe : 43% des 3e ne participent pas ou peu en classe contre 26% des 6e.

Ces difficultés à suivre les cours peuvent s’expliquer :

  • d’une part par un équipement en matériel informatique insuffisant ou une mauvaise connexion à internet,
  • d’autre part par un manque d’autonomie et de connaissance des outils et pratiques informatiques pour les élèves les plus défavorisés.

 

  • 70% des collégiens déclarent que l’aide aux devoirs est importante ou très importante.

51% des 3e déclarent ne jamais recevoir d’aide ou rarement contre 25% des 6e ce qui s’explique par une plus grande autonomie et par une élévation du niveau scolaire difficile à suivre pour les parents.

Une partie des enfants fait également ses devoirs au collège : 34,5% des enfants sont inscrits à un dispositif « devoirs faits ». Parmi eux, 2/3 des élèves préfèrent faire leurs devoirs au collège et 67% déclarent avoir de meilleurs résultats grâce à l’aide des adultes.

 

L'orientation 

  • des collégiens préoccupés par leur avenir

Malgré une vision plutôt positive de leur travail,  31% des collégiens n’envisagent pas bien leur poursuite d’études.

Selon le rapport du CNESCO de 2016, les élèves issus de catégories socioprofessionnelles défavorisées accèdent de moins en moins aux études supérieures, risquent davantage de « décrocher », s'orientent davantage dans des filières les moins valorisées, les plus chargées et les moins en adéquation avec le marché du travail. Le rapport constate que ces inégalités se sont renforcées entre 2000 et 2014 et que c’est au collège que l’écart se creuse le plus.

 

  • Cette inquiétude est partagée par leur famille. 60% des collégiens déclarent sentir que leurs parents sont inquiets pour leur réussite scolaire.
CNESCO souligne que c’est surtout « la représentation que se fait la famille des capacités de son enfant plutôt que sa réussite réelle qui a un impact » et que c’est au collège que se manifeste le plus le déterminisme social dans les choix d’orientation.

 

Une  inquiétude qui augmente avec l’âge : 40% des 3e déclarent que leurs parents sont très inquiets pour leur réussite contre 27% des 6e.

La 3e est une étape clé dans l’orientation professionnelle et est déterminante dans la poursuite d’études. Les familles ont une influence forte sur les aspirations de leurs enfants. Or, par manque d’information, de modèles, et autocensure, les familles défavorisées ont tendance à orienter leurs enfants vers des choix « plus réalistes » et « plus stables ».

 

Les activités extra-scolaires

  • Des activités extra-scolaires genrées et limitées

La moitié des élèves ne pratiquent pas d’activité extra-scolaire qu’elle soit sportive, culturelle ou artistique.

Les activités extra-scolaires sont une pratique genrée : 67% des garçons en ont contre 46% des filles.

 

  • L’utilisation intensive des réseaux sociaux

9 enfants sur 10 possèdent un Smartphone. L’usage se répand au fil des âges mais 84% des 6e possèdent déjà un smartphone et ce taux atteint 93% en 3e.

85% des collégiens utilisent au moins un réseau social. Les réseaux les plus utilisés sont : Snapchat, Tik Tok et Instagram.

Les collégiens utilisent les réseaux sociaux :

  • pour se divertir (pour 90% d’entre eux),
  • pour échanger avec leurs amis (77%)
  • et enfin pour s’informer (57%).

Les jeunes sont présents sur les réseaux sociaux à tout moment de la journée, mais principalement en début de soirée (82,4%) et avant le coucher (61%). Ils consomment du contenu également le matin avant le collège (55%) et à midi (48%).